Epaule

 

Anatomie et pathologie

Complications à toute intervention

Introduction

Toute intervention chirurgicale est sujette à un certain nombre de risques chirurgicaux et de complications précoces ou tardives. Nous aborderons, ici, certaines d’entre elles. Cette liste n’a pas pour but de vous effrayer, elle doit vous aider à prendre conscience que cette intervention est un acte sérieux qui peut parfois avoir de lourdes conséquences. Cependant, la survenue de ces complications est exceptionnelle, la fréquence de la survenue dépend aussi du sérieux avec lequel vous vous y préparerez.

Risques et complications communes à toute intervention

Votre état général (fatigue, anémie, dépression…), les traitements en cours, les maladies ou altérations de certaines fonctions vont influencer le déroulement de l’intervention.

La consultation anesthésique préopératoire a pour but de déceler les risques et d’envisager, au besoin, des bilans complémentaires, des précautions voie même contre-indiquer l’opération.

Quelles que soient les précautions, certains accidents peuvent survenir : allergie, embolie, infection… Leur fréquence est extrêmement rare : à peu près identique au risque de subir un accident en venant en voiture en consultation. Cependant, ce risque existe et doit vous être signalé.

Raideurs et algoneurodystrophie

La raideur d’une articulation peut être le résultat :

  • d’une perturbation neuro-musculaire : la commande des muscles est désorganisée à la suite d’informations douloureuses enregistrées inconsciemment durant l’anesthésie ou consciemment après l’intervention. La contracture réflexe en défense (comme lors d’une brûlure accidentelle) des muscles, gêne le mouvement.

  • de la perte de la proprioception ou de l’incapacité à adapter la contraction musculaire avec la position de l’articulation, compte tenu de la perte d’information liée aux récepteurs terminaux, présents dans la surface cartilagineuse, les tendons ou les ligaments . Par exemple, vous êtes incapables de ramasser une épingle sur une table après vous être écrasé un doigt.

  • d’adhérences qui se sont constituées avec le temps avec l’organisation d’un hématome

  • d’une rétraction de l’enveloppe de l’articulation (la capsule) et des ligaments à cause d’une immobilisation trop prolongée ou dans un mécanisme de cicatrisation voire inflammatoire

  • d’une maladie : l’algoneurodystrophie. Dans certains cas, une perturbation circulatoire réflexe locale connue sous le nom d’algodystrophie peut entraîner une réaction inflammatoire provoquant des gonflements douloureux, des douleurs et une raideur pouvant intéresser l’ensemble des articulations, principalement l’épaule et le genou mais, également, le coude et la main. Particulièrement fréquente dans la chirurgie de l’épaule, cette complication peut être prévenue en étant très attentif à : soulager la douleur, progresser doucement et sans forcer en rééducation, protéger l’épaule. Cette affection peut durer plusieurs mois avant de récupérer, le plus souvent complètement.

Lésions neurologiques

Le traumatisme de nerfs superficiels peut entraîner une baisse de la sensibilité d’une zone cutanée (la zone antérieure du tibia est très souvent concernée). Cette sensibilité revient, le plus souvent, spontanément en quelques semaines, mais il peut persister une cicatrice du nerf abîmé qui pourrait être douloureuse au contact.

Certains nerfs sont fortement exposés durant certaines interventions de l’épaule et du genou. Leur atteinte durant ces interventions peut être responsable de paralysies musculaires qui peuvent conduire à une impotence durable.

Une intervention de «réanimation» du nerf pourrait être envisagée ultérieurement en cas de déficit durable.

Phlébites et embolies pulmonaires

Le ralentissement circulatoire et secondaire à la décharge, l’intervention ou la présence d’hématome provoque une agrégation des cellules dans les veines avec un risque de constitution de caillots. Ces caillots, une fois constitués peuvent :

  • boucher les veines et provoquer une phlébite

  • se détacher et migrer, et constituer une embolie pulmonaire. Les anticoagulants prescrits de manière préventive diminuent ce risque mais ne le suppriment pas complètement. Les séquelles de cette complication sont variables depuis des douleurs durables dans les mollets jusqu’à la complication mortelle en cas d’embolie massive

L’infection du site opératoire

 

L’infection du site opératoire (ISO) :

  • La colonisation du site sera d’autant plus importante que le nombre de microbes (en surfaces mais surtout en profondeur) sera important. Une mauvaise hygiène n’est pas gommée par une simple douche de la veille.

  • La prolifération et donc, le risque d’infection du site, dépendent de :

    • la quantité de microbes présents sur la peau au moment de l’incision

    • la facilité de croissance des colonies : l’importance de la cicatrice ou la présence d’hématome facilitent cette croissance

    • la capacité de défense : tout affaiblissement de l’organisme (diabète, alcoolisme, fatigue…) facilite cette multiplication

  • La contamination peut se produire secondairement à distance de l’intervention, à partir d’un foyer infectieux (carie dentaire, infection pulmonaire, digestive ou urinaire, ongle incarné ou mycose interdigitale), par voie sanguine. La présence d’un corps étranger (prothèse ou matériel métallique) aggrave les risques de cette complication.

  • La prescription d’antibiotique ne doit être envisagée que sur un microbe identifié.

Cette infection, si elle se produit, peut :

  • Nécessiter une ré-intervention : la rapidité de ce geste après l’apparition des premiers signes influe sur les possibilités de guérison.

  • Nécessiter l’ablation du corps étranger (prothèse ou ostéosynthèse).

  • Allonger la durée de récupération et nécessiter une antibiothérapie durant plusieurs mois.

  • Si la stérilisation n’est pas obtenue, des séquelles, parfois importantes doivent être craintes.

Ecchymose, hématome et hémorragie post-opératoire

 

 

Le saignement post-opératoire se limite, le plus souvent, à une petite tuméfaction autour des orifices de pénétration  ou sur la cicatrice. Elle peut parfois diffuser et provoquer une ecchymose qui peut s’étendre sous la peau comme un gros «bleu».

Mais, parfois, un saignement un peu plus important peut, durant les premiers jours, continuer à remplir l’articulation ou la région qui s’infiltre et provoque des douleurs à cause de la mise en tension.

L’infiltration se résorbe, le plus souvent, spontanément en 15 jours ou 3 semaines.

Cependant, l’importance de la tension, soit dans les tissus, soit dans les articulations, peut provoquer une douleur importante et imposer une reprise, soit par ponction, soit par évacuation au cours d’une nouvelle intervention.